Retour aux articles

À VivaTech, plaidoyer d'Emmanuel Macron pour une innovation responsable et inclusive

Tech&droit - Start-up, Intelligence artificielle, Données
24/05/2018
Après un intense bain de foule, le président de la République est venu livrer, jeudi 24 mai, en ouverture de la 3e édition du salon VivaTech (qui réunit plus de 8 000 startups du monde entier, près de 80 000 personnes attendues) sa vision de l’innovation, une innovation inclusive, juste et régulée.
Après « Tech For Good », hier, seconde séquence « Tech » pour le président de la République. Le 23 mai, Emmanuel Macron réunissait des grands patrons (dont Mark Zuckerberg (Facebook), Satya Nadella (Microsoft), Dara Khosrowshahi (Uber), Virginia Rometty (IBM), etc.), pour débattre autour de trois thèmes principaux : l’éducation, le travail et la diversité. À VivaTech, aujourd’hui, c'est sa vision d’une innovation inclusive et responsable qu'il est venu exposer.
 
Un terreau propice à l’innovation

« 2017 a été une année record pour la French Tech avec 2,5 milliards d’euros investis dans nos startups, s’est réjouit Emmanuel Macron ». Un montant qui a plus que triplé en trois ans ». Le président qui, à plusieurs reprises, a insisté sur la répartition sur l’ensemble du territoire de ces jeunes entreprises : « la majorité des startups qui se créent et se développent sont en province, dans les métropoles régionales, poussées par les régions et les métropoles ».
 
Dressant un premier bilan de ses actions en faveur de la promotion de l’innovation, le président a rappelé son engagement en faveur « des programmes dans l’intelligence artificielle ou (du) véhicule autonome » mais aussi « des politiques publiques comme celle de la donnée ». Le cadre est fixé, autrement dit, « nous avons construit un terrain de jeu », a insisté le président.
 
Une situation favorable qu’Emmanuel Macron attribue aux « réformes en profondeur entreprises », citant également la prochaine grande étape, la loi pour un Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises, dite loi Pacte (qui, de report en report, devrait passer en Conseil des ministres « dans les prochaines semaines »), et « qui permettra en particulier pour les startups, les PME et les ETI partout dans le pays de se développer beaucoup plus rapidement par des simplifications massives, une réforme en profondeur de leur fiscalité et une politique de financement de croissance volontariste ».
 
Une vision de l’innovation, au service du bien commun

Mais pour Emmanuel Macron, tout ceci n’est qu’une étape : « J’ai besoin de vous pour faire réussir la totalité du pays, a-t-il lancé. Nous devons réussir pour réduire la fracture numérique et créer de l’emploi, même peu qualifié, qui sera tiré par la Tech. La justice sociale passe par les opportunités créées partout dans le pays. Nos quartiers populaires sont d’ailleurs les plus créatifs. Et, c’est cette réussite qui permettra de financer la redistribution ».
 
C’est particulièrement le cas pour l’Afrique, à l’honneur de cette 3e édition. Pour Emmanuel Macron, « L’Afrique a un énorme potentiel, de nombreux talents ». « Une large majorité du continent est constituée de jeunes, des digital natives. C’est une énorme opportunité en termes de consommation mais aussi de création ».
 
Le président a mis en avant l’initiative Digital Africa, réalisée en partenariat avec l’Agence française pour le développement. Son objectif : aider les entrepreneurs africains, en mettant à leur disposition un réseau de partenaires, d’investisseurs et de clients. Et une enveloppe de 65 millions d’euros destinée à « combler les failles d’accompagnement par des petits tickets » de 30 à 50 000 euros. Première étape avant que « l’Afrique prenne sa part dans le financement et le développement de son écosystème, à l’image de ce qu’a fait la France avec BPIfrance ». 
 
Prochaines étapes pour la start-up nation

À trois reprises, le président a fortement insisté pour une taxation plus juste des revenus des géants du numérique (la Commission européenne ambitionne de taxer à hauteur de 3 % les revenus générés par l’exploitation d’activités numériques, v. Fiscalité du numérique : un enjeu à 5 milliards, Actualités du droit, 23 mars 2018, projet désormais au point mort depuis le sommet des 27 et 28 avril dernier) . « On baisse les impôts mais cela ne sert à rien si d’autres concurrents n’en payent pas du tout. Une taxe pour les grands de la Tech mondiale, c’est juste. C’est la condition pour avoir une concurrence saine ».
 
En quelques traits, le chef de l'Etat a dessiné la vision et l’éthique française et européenne de l’innovation. « Le RGPD est une étape importante, c’est un changement majeur dans la protection des données ». « Nous construisons les bases d’une souveraineté européenne de la donnée ». Et nous « devons faire de même en matière de cloud et pour tous ces nouveaux écosystèmes ». Une condition essentielle pour obtenir la confiance de l’ensemble des citoyens dans ces innovations.
 
Une approche bien distincte de celle américaine (un modèle « qui n’est pas régulé, mené par des acteurs privés ») ou chinoise (« très efficace mais qui n’a pas les mêmes valeurs que les nôtres en termes de liberté, de vie privée »). Une troisième voix dont la France entend efficacement être leader. « Dans les prochaines semaines et les prochains mois nous allons poursuivre ce travail avec l’ensemble des partenaires, en rendant notre université plus forte et plus efficace avec la réforme en cours, en clarifiant nos objectifs et en ayant une politique ambitieuse que nous annoncerons à l’automne pour déployer encore davantage notre recherche et l’excellence de la recherche française ». Le gouvernement annoncera ainsi « à l’automne » des mesures en faveur de la recherche…
Source : Actualités du droit