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Baromètre 2017 du numérique : enseignements et points de vigilance

Tech&droit - Données
28/11/2017
Pour la 17e année, l’Arcep, l’Agence du numérique et le Conseil général de l’économie, de l'industrie, de l’énergie et des technologies ont rendu public leur baromètre du numérique. Quels sont leur retour sur l’équipement et les usages du numérique ? Quels sont les points d’amélioration ? 
Le baromètre du numérique décrit l’équipement et les usages des individus et détecte les inégalités d’accès. L’objectif : permettre à la puissance publique d’anticiper les grandes tendances et de mettre en œuvre une politique favorisant leur accessibilité.
 
Le numérique s’ancre encore davantage dans la vie des français
Une hausse de l’équipement en smartphone.- Le baromètre révèle une forte croissance de l’équipement en smartphone :
  • + 8 points en un an (contre une croissance de 4 points pour la tablette) ;
  • 3 Français sur 4 sont équipés d’un smartphone (et 9 personnes sur 10 âgées parmi les 18-39 ans).
Autre précision de cette enquête, 8 français sur 10 utilisent tous les jours leur mobile, dont 68 % un smartphone.
 
Un meilleur accès à internet.- L'’accès à internet gagne 2 points en un an :
  • le taux de connexion « fixe » du domicile est stable à 85 % ;
  • la connexion par smartphone augmente de 11 points en un an, pour atteindre 71 % de la population.
Pour se connecter à internet (3 Français sur 4 se connectent tous les jours), le smartphone est l’équipement le plus fréquemment utilisé :
  • 48 % des internautes préfèrent le smartphone ;
  • 43 %, préfèrent l’ordinateur (étant précisé qu’après 40 ans, l’ordinateur est préféré).
Autre point dégagé par cette enquête, l’usage d’un équipement plutôt qu’un autre varie selon le service recherché :
  • l’ordinateur pour le travail, les achats, l’envoi d’e-mails et le visionnage de vidéos ;
  • le smartphone pour les jeux en ligne et les réseaux sociaux.
L’accès à internet par le mobile progresse de 9 %, avec des hausses encore plus marquées pour certaines pratiques :
  • + 15 % en deux ans pour la consultation d’e-mail sur mobile ;
  • + 11% pour les conversations sur les messageries instantanées.
Progression de l'admnistration en ligne.- Le baromètre révèle également une forte progression de l’administration en ligne depuis 2 ans : 67 % des Français ont ainsi effectué une démarche administrative en ligne :
  • 61 % pour des demandes d’aide au logement ;
  • 66 % pour des inscriptions à Pôle Emploi ;
  • 69 % pour des déclarations trimestrielles du RSA ;
  • 75 % pour des demandes de carte européenne de sécurité sociale ;
  • 100 % pour des demandes de bourses et de logements.
Ce qui positionne la France au 8e rang des pays dans lesquels les usagers utilisent le plus les services administratifs en ligne (88 % au Danemark ; 55 % en Allemagne).

L'économie du partage s'installe.- De plus en plus de particuliers échangent entre eux des biens ou des services.
  • 22 % des individus ont eu recours auprès de particuliers à l’usage d’un bien ou d’un service ;
  • 13 % ont proposé à des particuliers l’usage d’un bien ou d’un service contre rémunération ;
  • 6 % ont échangé entre particuliers, sans rémunération, l’usage d’un bien ou d’un service.
La confiance, maillon faible.- La part des achats sur internet a certes atteint un niveau élevé : 61 % des individus sondés ont réalisé un achat au cours des douze derniers mois. Mais un point important doit être relevé : 45 % des sondés qui ont renoncé à un achat en ligne l’on fait par crainte d’un manque de sécurité du paiement.
 
L’accès aux réseaux sociaux progresse régulièrement : 59 % des individus ont participé à un réseau social au cours des douze derniers mois (96 % des 18-24 ans). Même si, très majoritairement (73 %), les Français n’ont pas ou peu confiance dans les informations véhiculées sur ces réseaux sociaux.
 
Des inégalités persistent
Acceptation et utilisation des nouvelles technologies.- En quatre ans, le sentiment de compétence pour utiliser un ordinateur est passé de 55 % à 67 % (+ 12 points). Un chiffre, cependant, est à surveiller : environ un tiers des individus s’estiment non compétents pour l’utilisation des équipements.
 
Ce sentiment de compétence varie en fonction de l’âge et du niveau de diplôme, sachant que 52 % des sondés sont prêts à adopter de nouvelles technologies ou services numériques, mais de préférence progressivement.
 
Des fractures numériques persistantes.- Sans surprise, le baromètre met en évidence des fractures numériques plurielles :
  • territoriales : 42% des personnes résidant dans les villes moyennes disent ne pas du tout profiter des opportunités offertes par le numérique, contre 22% des habitants de l’agglomération parisienne et 29% des résidents des zones rurales ne se disent pas prêts à adopter de nouvelles technologies (contre 13% des résidents de l’agglomération parisienne) ;
  • en termes de formation : les possibilités offertes par les outils numériques dans la vie professionnelle sont d’autant plus utilisées qu’on est diplômé et qu’on a un niveau de vie élevé.
Sur la formation, précisément, à ces nouvelles technologies :
  • une majorité des sondés (54 %) ont indiqué avoir appris, seuls, à utiliser les outils numériques ;
  • et 33 % d’entre eux jugent que le dispositif le plus adapté pour permettre de mieux maîtriser les outils numériques est un accompagnement, personnel ou collectif, hors du milieu professionnel.
Les autres points de vigilance
Sécurité. – « C’est l’une des priorités que l’on s’est donné au gouvernement », affirme Mounir Mahjoubi. D’autant que le manque de protection des données personnelles est le premier frein à l’usage d’internet cité par les Français (33 %) :
  • 69 % des Français ont renoncé à installer une application pour protéger leurs données personnelles ;
  • 68 % des participants aux réseaux sociaux ont renoncé à publier ou supprimer un message pour protéger leur vie privée.
Et les plus inquiets sur le sujet des données personnelles, ce sont les 18-24 ans (40 %).
 
L’entrée en vigueur du règlement sur les protections des données (RGPD) en mai prochain devrait cependant changer la donne.
 
La sécurité sera, en outre, l’un des piliers du plan numérisation TPE/PME. Le ministre a ainsi rappelé que nos TPE/PME sont parmi les moins numérisées (alors qu’elles représentent 50 % des emplois).
 
Inclusion numérique.- Autre point névralgique à travailler, l’inclusion numérique. Le secrétaire d’État chargé du Numérique a rappelé que :
  • 7 millions de français ne se connectent pas à internet ;
  • 18 millions sont en difficultés.
L’égalité d’accès aux démarches en ligne demeure un enjeu important :
  • 90 % des diplômés du supérieur ou des 25-39 ans ont recours à l’administration en ligne ;
  • 59 % des bas revenus ;
  • 30 % des non-diplômés.
Mounir Mahjoubi a également souligné la nécessité d’accompagner ces personnes dans la formation au numérique : « Nous guiderons vers l’autonomie numérique ceux qui le peuvent, et maintiendrons un accompagnement humain pour ceux qui en ont besoin ». Un accompagnement d’autant plus nécessaire au regard de l’objectif du gouvernement d’atteindre, à la fin du quinquennat, 100 % d’administration dématérialisée. Pour Mounir Mahjoubi, pour faire monter en compétence les Français, « le seul échelon possible, c’est l’échelon local, et plus précisément le département ».
 
L’objectif 100 % des démarches administratives d’ici la fin du quinquennat
Mounir Mahjoubi a rappelé que « dans le cadre de la numérisation de 100 % des démarches administratives, tous les nouveaux sites publics seront désormais accessibles sur mobile ». L’objectif :
  • diminuer le nombre de sites administratifs ;
  • revoir leur structure et l’harmoniser ;
  • rendre 100 % des sites accessibles, y compris aux personnes souffrant de handicap.
Pour autant, le ministre a souligén que cela ne signifie pas la fin des guichets physiques. En revanche, les services publics seront bien regroupés pour offrir un guichet unique aux citoyens. Ce basculement se fera progressivement, le temps de mettre en place uncadre opérationnel et technologique standardisé. Le secrétaire d’État chargé du numérique a ainsi précisé que les premières annonces « sur le déploiement de cette plateforme d’État seront faites au premier trimestre 2018 ».
 
Une dématérialisation qui passera également par la facilitation des échanges de données :  l’utilisateur de services publics se verra proposer le choix de rapatrier ou non ses données de telle ou telle autre base administrative.

Premiers pas vers le déploiement d'une identité numérique
Un groupe de travail issu du ministère de l’Intérieur et de la Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication de l'État (DINSIC) travaille à des scénarii afin de pouvoir décider quelle sera la solution choisie pour l’identité numérique : carte, numéro virtuel ou les deux solutions ? Les premières conclusions sont également attendues pour le 1er semestre 2018…
 
 
Source : Actualités du droit