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Marie-Aimée Peyron, Bâtonnier de Paris : «L’objectif, avec l’incubateur et le Lab EFB, c’est de construire un écosystème favorable à l’innovation»

Tech&droit - Start-up
30/03/2018
L’incubateur du barreau de Paris a été lancé il y a maintenant un peu plus de quatre ans. Précurseur, ce laboratoire d'idées avait alors pour vocation de favoriser et promouvoir l'innovation au sein de la profession d'avocats. Le temps s'est depuis accéléré et plus que jamais les avocats doivent saisir les opportunités offertes par le numérique. Le point sur les missions et les ambitions de cet incubateur avec Marie-Aimée Peyron, Bâtonnier de Paris.
Actualités du droit : Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste les missions de l'Incubateur ?
Marie-Aimée Peyron : L’incubateur a tout simplement pour vocation de développer des projets liés à l’innovation. Ce que l’on veut, c’est que non seulement il accompagne les porteurs de projets mais en incube lui-même également.
 
Il organise par ailleurs un concours avec la remise d’un prix de l’incubateur.
 
L’objectif, avec l’incubateur et son petit frère le Lab EFB, c’est bien de construire un écosystème favorable à l’innovation (Predictice, par exemple, a été inventé par un élève avocat de l’École de formation du barreau).
 
ADD : Vous avez souhaité donner un nouvel élan à cet incubateur. Pouvez-vous nous présenter les pistes d’évolution ?
M.-A. P. : J’ai souhaité structurer l’incubateur et le Lab EF et leur donner des moyens financiers et physiques pour favoriser ces innovations, autant d’outils à l’attention des avocats, qui devront permettre de faciliter leur quotidien : applications, blockchain, tout ce qui peut contribuer au développement du numérique dans la justice, dans les relations avocat/justiciable, avec les juridictions, au conseil comme au contentieux, etc.
 
L’ordre des avocats a réalisé cette année des restrictions budgétaires drastiques sur tous les postes (parce nous n’avons pas voulu augmenter les cotisations).
 
Mais nous avons néanmoins décidé d’accorder des moyens financiers supplémentaires à l’incubateur, afin qu’il puisse accompagner le maximum de projets innovants.
 
ADD : Combien de vos confrères en sont membres ?
M.-A. P. : Ils sont une quarantaine actuellement. Ce sont pour la plupart de jeunes avocats qui ont tous dédié une partie de leur cabinet au développement de plateformes numériques pour leurs clients, qui sont parfois des start-up.
 
C’est tout un dynamisme que l’on souhaite encourager, d’autant que, pour une fois l’échange intergénérationnel est inversé : ce sont les jeunes qui mettent en place des outils pour aider les plus anciens.
 
ADD : Comment l’incubateur est-il structuré ? Est-ce une association, une société ?
M.-A. P. : Ce n’est ni une société, ni une association. L’incubateur est intégré à la commission numérique de l’ordre des avocats, dont il est un satellite.

En ma qualité de bâtonnier, je suis à la tête de cet incubateur, entourée par des membres du conseil de l’ordre, comme Nathalie Attias et Jean-Georges Betto, pour la plupart membres de la commission numérique et d’un membre de la commission des finances, Antoine Chatain (dès lors qu’un budget a été alloué, il convient de veiller à son utilisation).
 
ADD : Prenez-vous des parts de capital dans les sociétés incubées ?
M.-A. P. : C’est la grande discussion. Pour l’instant, notre position est de dire que nous ne prenons pas de participation. Ce n’est pas le rôle de l’ordre des avocats et donc de l’incubateur du barreau de Paris de prendre des parts dans les sociétés incubées.
 
Ce que nous voulons avec l’incubateur, c’est accompagner des jeunes pousses, donner l’élan et les aider à démarrer puis développer leurs projets innovants. Mais nous ne sommes pas là pour investir dans leur capital et faire fructifier notre investissement.
 
En revanche, nous recherchons et avons des pistes des sponsors pour travailler à nos côtés, de façon à apporter le complément de financement nécessaire à l’incubateur.
 
ADD : Combien de start-up accompagnez-vous ?
M.-A. P. : Actuellement cinq prix ont déjà été remis pour accompagner des start-up. Pas suffisamment, c’est pour cela que notre souhait est d’en accompagner et incuber dans les mois qui viennent cinq de plus.
 
ADD : En quoi consiste cet accompagnement ?
M.-A. P. : C’est tout ce qui peut les aider, à la fois sur le plan technologique, logistique, financier, etc.

ADD :  Est-ce que vous pouvez nous donner quelques exemples de critères de sélection ?
M.-A. P. : Ces critères ont été votés en conseil de l’ordre. Pour être retenus, les projets doivent apporter un service aux avocats, notamment à ceux du barreau de Paris et/ou au justiciable dans sa relation avec les avocats.
 
Les projets peuvent bien sûr être portés par des avocats du barreau de Paris (à l’instar de Votre Bien Dévoué, par exemple, qui a obtenu le prix de l’incubateur l’année dernière).
 
ADD : Vous allez bientôt vous installez à l’EFB, est-ce bien cela ?
M.-A. P. : Pour faciliter la tâche de l’incubateur, je vais en effet leur donner des locaux physiques que nous allons inaugurer le 14 mai, aux côtés de secrétaire d’État au numérique, Mounir Mahjoubi.
 
L’incubateur sera installé à l’EFB, à Issy-Les-Moulineaux, à côté du Lab EFB que nous inaugurerons également à cette occasion (le Lab a été lancé en janvier dernier et a pour vocation de proposer des cours et de faire émerger des projets innovants, avec un parcours spécifique pour les élèves avocats qui le souhaitent ; ces cours, dispensés par des avocats et des professionnels spécialisés en numérique, seront ensuite proposés en formation continue à tous les avocats).
 
L’inauguration sera également l’occasion de remettre le prix de l’incubateur du barreau de Paris 2018.
Propos recueillis par Gaëlle MARRAUD des GROTTES
 
Source : Actualités du droit